Madame Catherine Hervieu, députée de la 2ème circonscription de Côte-d’Or, attire l’attention du Garde des Sceaux sur l’état actuel de la protection des élus locaux, en particulier des maires contre le harcèlement et tout type de violence, qu’elle soit physique ou morale.
Le cadre juridique actuel relatif aux mesures de protection des élus locaux est régi par la loi n° 2024-247 du 21 mars 2024 renforçant la sécurité et la protection des maires et des élus locaux. Cette loi renforce l’arsenal répressif en aggravant les peines prévues par le Code pénal à l’encontre de ceux qui se rendent coupables d’agressions sur les élus.
Pour des cas d’atteintes comme l’injure, l’outrage ou la diffamation publique, la loi du 21 mars 2024 modifie l’article 31 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Désormais tout fait constitutif d’une diffamation publique à l’encontre d’un élu est passible d’une peine prenant la forme de Travaux d’intérêt général (TIG).
Lorsque ces mêmes faits relèvent du harcèlement à l’encontre d’élus, la peine encourue peut aller jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende.
L’article 11 de cette loi du 21 mai 2024 met également en place des mesures de territorialité qui facilitent l’accès au juge en modifiant l’article 43 du Code de procédure pénale.
Il semble néanmoins que cet arsenal juridique fondé avant tout sur la répression soit insuffisant pour prévenir les faits d’atteinte aux élus, en particulier ceux commis à l’encontre des maires. En effet, d’après les données du Centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus, ces actes sont un phénomène croissant. Entre 2022 et 2023, les atteintes envers les élus sous forme d’outrages, de menaces ou de violences physiques ont augmenté de 15% passant de 2 200 à 2600 cas. En 2024, ce sont 2 500 cas qui ont été recensés. 71% des victimes de ces agressions sont des maires et 21% des conseillers municipaux ou adjoints. La deuxième circonscription de la Côte-d’Or compte 76 communes dont plus d’une vingtaine de maires ont déjà fait l’objet de violences physiques, de menaces de mort, de cyber harcèlement ou d’injures, parfois à caractère homophobe. Un tel acharnement sur des représentants de la République est intolérable.
Certaines mesures ne reposant pas uniquement sur un volet répressif pourraient permettre d’endiguer ce phénomène d’atteintes aux élus. C’est le cas par exemple d’une revalorisation du rôle des élus locaux en informant mieux le public de leurs missions d’intérêt général. D’autres mesures préventives comme des peines d’inéligibilité des personnes reconnues coupables de harcèlement, de diffamation, d’injure ou d’agression à l’encontre des élus peuvent être envisagées. D’autant que la loi du 21 mai 2025 visant à harmoniser le mode de scrutin aux élections municipales afin de garantir la vitalité démocratique, la cohésion municipale et la parité n’assure pas la sécurité des élus locaux. Au contraire, l’adoption d’un scrutin proportionnel fait redouter aux élus la possibilité de voir leurs agresseurs être élus au conseil municipal dès lors que ces derniers déposent une liste qui satisfait les exigences de parité énoncées par la loi.
Ainsi, Madame Catherine Hervieu aimerait connaître les mesures que le Ministère de la Justice compte mettre en œuvre afin d’assurer une protection effective des élus locaux au-delà du volet répressif inscrit dans la loi de 2024 qui apparaît insuffisant au regard du nombre croissant d’atteintes à l’encontre des élus.