Implantation d’un Centre de Rétention Administrative (CRA) à Longvic : les dérives de la politique de lutte contre l’immigration au détriment de la dignité humaine

31 Juil 25

Communiqué du 31 juillet 2025

Dans une logique de fuite en avant concernant la lutte contre l’immigration irrégulière, un programme de dix nouveaux centres de rétention administrative (CRA) est prévu d’ici 2027, s’ajoutant aux 26 existants. Ainsi, la métropole dijonnaise devrait accueillir à Longvic l’un des plus grands CRA de France avec 140 places. La priorité conférée à ces lieux de privation de liberté suscitait déjà une vive controverse dans le cadre de la Loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur (LOPMI) de 2023, suivie de la loi « Asile et Immigration » en 2024. Celles-ci sont largement inspirées par l’extrême-droite qui, de tout temps, a fait du rejet de l’autre la matrice de son idéologie et de son programme. Ces lois ne résolvent pas sur le fond la question migratoire.
La majorité des personnes enfermées dans les CRA n’ont commis ni crime, ni délit. Elles sont enfermées dans des conditions inhumaines, constatées par des associations et des parlementaires. Tout cela pour des raisons administratives ou pour défaut de titre de séjour alors même que des difficultés de l’accès au droit des personnes étrangères ont été relevées. Près de la moitié d’entre elles ont été libérées par décision de justice l’an dernier. Ainsi, la satisfaction des demandes des personnes au titre du droit d’asile poursuit une baisse drastique face à l’augmentation du nombre de personnes se retrouvant en CRA.   

A l’heure des analyses des coûts des politiques publiques, il convient de poser celui de l’enferment des personnes. Au-delà des 240 millions d’euros d’investissement nécessaires à la construction des nouveaux centres, la Cour des Comptes alerte sur le gouffre financier à terme, a fortiori pour une politique à « l’efficacité très contestable ». Avec un coût estimé à 602 euros par place et par jour, les 140 places prévues pour le futur CRA à Longvic reviennent à plus de 30 millions d’euros par an. En comparaison, cela équivaut au budget pluriannuel de Dijon Métropole (2020-2026) consacré au transport public.
À cela s’ajoutent les atteintes portées à la dignité humaine et aux droits fondamentaux avec des conditions d’enfermement qualifiées par la Cour européenne des Droits de l’Homme de traitements inhumains et dégradants. Dans ses onze arrêts condamnant la France, la Cour évoque également l’enfermement de 35000 enfants dont des nourrissons. 

            La politique française d’immigration et de l’intégration telle qu’elle est conduite ne règle ni la question de fond, ni la situation concrète des personnes qui cherchent très majoritairement à s’intégrer. De plus, il faut dénoncer l’hypocrisie du fonctionnement d’une partie de notre économie reposant sur des milliers de sans-papiers, notamment dans le BTP, l’hôtellerie et restauration, l’agriculture et la viticulture et de plus en plus dans les services essentiels à la personne.
Alors que la préparation du budget 2026 de l’État est placée sous le signe de l’austérité, les investissements prévus dans les CRA trouveraient mieux leur affectation dans les politiques de régularisation et d’accueil des demandeurs d’asile. À budget égal, une politique migratoire humaniste et efficace dont la France a besoin, par ailleurs, est possible. Elle doit être envisagée, non pas sous le seul angle sécuritaire, mais en matière d’intégration sociale et culturelle, en lien avec ce qui est, de toute façon, à l’œuvre au quotidien avec les collectivités locales, les associations et des acteurs économiques.